Pêche des grands brochets sur le Lac Léman

Pêche des grands brochets sur le Lac Léman

04/05/2015

 « - Tu le pêches comment toi le lac Léman ?

- Avec mon sondeur Humminbird bien sûr ! »

Après deux séjours sur « la grande flaque », comme l’appellent les savoyards, j’avais envie de vous faire partager mon expérience de novice dans la pêche des grands brochets sur ce lac alpin, et peut‑être de vous donner envie de vous mesurer aux géants du Léman.

Le but est de vous expliquer comment moi et mon coéquipier avons abordé cette immensité d’eau claire, et surtout comment nous avons utilisé notre électronique – qui est pour moi l’élément essentiel de la réussite.

Loin de moi l’idée de vous donner une leçon de pêche, j’en serais bien incapable tant mes lacunes sont grandes et les spécificités du lac difficiles à analyser. De grands noms de la pêche des brochets alpins seront beaucoup plus qualifiés pour vous expliquer les postes, les montages, les stratégies, les leurres, les comportements des poissons… Je veux juste essayer de vous montrer qu’il est possible de tirer son épingle du jeu en appliquant une approche simple basée sur l’utilisation de son sondeur.

 

Pour commencer, laissez-moi vous présenter notre terrain de jeu !

Le lac de taille XXL a une superficie de 580 km2, 73 km de long par 14 km de large. La profondeur moyenne y est d’environ 150 m. C’est une véritable mer intérieure, ce qui ne déplait pas forcément au pêcheur de bars que je suis. La météorologie doit être consultée avant toute mise à l’eau ; les conditions de navigation peuvent rapidement devenir musclées dès que le vent se lève, un bateau adapté s’avère indispensable.

Avant toute chose je tiens à préciser que la pêche sur le Léman est souvent compliquée, les grands brochets se méritent et il faut avoir un moral et une détermination sans faille pour aborder ce lieu magique ! Les touches, ou devrais‑je dire LA touche, peut se faire attendre plusieurs jours mais quand elle arrive, il ne faut pas la manquer : la concentration doit être permanente. On ne peut pas se permettre de pêcher en dilettante au risque de passer à côté de son rêve.

La journée commence par la mise à l’eau : le lac a beau être grand, les mises à l’eau ne sont pas nombreuses surtout les gratuites ! Je vous conseille de bien vous renseigner avant votre premier séjour car, dans le cas contraire, vous risquez de perdre un temps précieux.

Après avoir programmé la route sur un combiné, le trajet est l’occasion de constater les performances de la sonde d’origine du 999 SI. Elle sonde sans difficulté au‑delà de 100 m en navigation.

Une fois arrivé sur zone, le sondage débute. En se basant sur sa cartographie, il est possible de serpenter le long des lignes bathymétriques entre une profondeur d’environ 10 m et 40 m à la recherche des bancs de poissons fourrage (perches et féras) et des échos des gros prédateurs. Alternativement, on passera du sondeur classique 2D au side imaging pour élargir la prospection.

 

La prospection peut durer longtemps. Notre stratégie consiste à ne pas pêcher tant que nous n’avons pas une détection qui nous intrigue au sondeur : grand poisson, banc de fourrage éclaté, structure sur le fond… En étudiant le journal de bord du sondeur, je me suis rendu compte qu’en moyenne nous parcourons 50 km par jour. La moitié de cette distance est consacrée au sondage, l’autre aux déplacements. À une moyenne de 10 km/h le sondage correspond à deux heures trente au minimum de notre journée de pêche !

De drôles de traits au side : pas de doute, ils sont là ! Les brochets du Léman ont un comportement grégaire et ils chassent en meute pour le plus grand plaisir du pêcheur qui les trouve.

On zappe sur le 2D. La sensibilité est volontairement abaissée, les bêtes que nous recherchons ne risquent pas de passer inaperçues si elles passent dans le cône de la sonde.

Si les brochets ne sont pas toujours visibles à l’écran, ils peuvent être dissimulés au milieu des bait fish, collés au fond, en attente sur les extérieurs du banc ou encore cachés dans la partie aveugle du sondeur lorsque la pente est forte. La forme du banc de perches nous donne parfois une idée de ce qui se passe sous l’eau. Voici quelques exemples de situations qui nous ont amené à lancer nos leurres à l’eau. Dans certains cas, cela a abouti à la prise d’un poisson. La plupart du temps, il s’agit d’un banc de perches éclaté avec des trous ou une forme de cône, un peu comme des sapins de perches. Les poissons sont visiblement dérangés, ce qui indique qu’un prédateur rôde dans les parages.

Heureusement, la lecture du sondeur est souvent plus simple et les bananes qui apparaissent à l’écran ne laissent pas de place au doute. Certains spécialistes du lac, comme Arnaud Fileppi, sont capables d’estimer avec précision la taille des poissons uniquement en regardant l’écho sur l’écran. Nos appareils sont vraiment redoutables une fois apprivoisés !

En mode sniper, on cible le poisson afin de créer un point de cheminement (waypoint) de manière à positionner idéalement le bateau avant de lancer son leurre.

Un autre aspect de notre stratégie consiste à rechercher sur le fond tout ce qui dénote avec une certaine monotonie. La moindre petite structure ou roche, aussi insignifiante soit‑elle, mérite qu’on s’y attarde. Les changements de substrat sont aussi intéressants et attirent bien souvent les poissons.

On trouve toutes sortes de conduites et tuyaux au fond du lac, certains sont partiellement enfouis, d’autres posés sur le fond voir légèrement décollés. Ces postes peuvent servir d’abri aux poissons, il convient de les étudier pour essayer de déceler la présence de vie aux alentours.

Tous les efforts consentis et le temps passé à prospecter nous ont permis de toucher quelques jolis poissons. Le grand lac nous a comblés de bonheur même s’il ne nous a pas livré tous ses secrets. À chaque ferrage, on peut tenir le poisson d’une vie et l’adrénaline est toujours au rendez‑vous quand la canne prend une belle courbe parabolique.

La pêche des grands brochets n’est vraiment pas simple sur le Léman : qu’on se le dise, on en bave, on doute, on s’interroge mais quand ça rigole, on explose de joie en contemplant ce grand prédateur au fond de l’épuisette. Il faut toujours y croire et ne jamais rien lâcher !

Si je peux me permettre de vous donner un dernier conseil, avant de remplir vos boîtes avec des leurres en tous genres et de toutes les couleurs, posez‑vous la question suivante : mon électronique est‑elle à la hauteur du challenge ?

Car sur le Léman, on pêche au sondeur !

Les brochets du Léman sont vraiment massifs.

Des poissons merveilleux, un site exceptionnel, un pêcheur heureux.

 

Fabien Hareau